Plong. Gloup. Plong. Gloup. Plong.
Dehors il pleut depuis un siècle. Plong. Blouc. Plong.
J'étais là par terre, assise dans le noir.
J'ai pendant des heures parlé à mon miroir, à l'autre moi ,à moi même.
Parler, parler, comme un homme le fait quand il n'a plus rien à dire aux autres. Parler comme on parle à Dieu. Je me suis alors effondrée.
J'ai parler pour ne pas pleurer.
Cette douleur si profonde, qui me torture depuis toujours.
Celle qui débarque un triste matin de juin, à jeun.
Cette plaie atroce, qui me fait mal, mal à en crever.
Cette souffrance lourde, trop lourde.
Ma victoire est amère,tout un monde englouti.
Ma victoire est si vaine, si lointaine,
Ma victoire est si pure, si seule,si dure.
Ma victoire est si vaine qu'elle ne peut qu'être belle,
Et le tonnerre résonne, le ciel qui pleure et gémit
comme mon âme meurtrie.
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adagio
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Les mots écrits au coeur de la nuit ont bien souvent une résonnance plus profonde que ceux posés sous la lumière du jour. Comme si justement ils puisaient directement à la source de ton coeur et retiraient leur masque social. C'est important je crois de les laisser s'exprimer ainsi, car ils sont là de toute façon, en toi, alors autant les libérer. J'aime cette image : "Parler comme on parle à Dieu." Sans intermédiaire, directement, sans faux semblant. Tout ton texte résonne comme dans une cathédrale, les mots s'élèvent, avec gravité, expriment la souffrance mais gardent néanmoins en eux leur beauté.
Oui une victoire peut ne pas être une joie. Sans commune mesure dans la comparaison, je pense à une image que ces propos m'évoquent : après un armistice, même si les combats sont arrêtés, même si le mot victoire est prononcé dans un camp, peut-on vraiment se réjouir de tous ces morts ? toutes ces séquelles ? tous ces désastres ? Ce verset biblique me vient à l'esprit (repris depuis par tant d'autres) : "Ô mort, où est ta victoire ?"
Pourtant tu gardes ta force malgré ton coeur en pleur et ton âme meurtrie, et même si mon propre coeur (très, trop sensible...) se serre à la lecture de tes phrases, je veux croire que tu retrouveras encore et toujours ton sourire réparateur.
Ta souffrance semble en effet trop lourde, alors je ne peux que t'encourager à la faire porter par plusieurs épaules. Cela ne l'effacera pas, certes, mais au moins cela allègera son poids. J'ai retenu deux mots dans ceux que tu as posés à côté de ta victoire : "pure" et "belle". Ce sont eux qui devront rester, une fois la cicatrisation en place.
En attendant, en réponse à ton titre, voici quelques vers d'un poète aimé de celui que tu cites et qui peut-être t'inspireront des idées d'évasion vers la sérénité :
"Par les soirs bleus d'été, j'irai dans les sentiers, Picoté par les blés, fouler l'herbe menue : Rêveur, j'en sentirai la fraîcheur à mes pieds. Je laisserai le vent baigner ma tête nue. Je ne parlerai pas, je ne penserai rien : Mais l'amour infini me montera dans l'âme, Et j'irai loin, bien loin, comme un bohémien, Par la Nature, - heureux comme avec une femme."
Moi je t'offre toute l'attention de mon regard, et toute l'affection de mon sourire. :)
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à 10:24